[ 38 ]

14/04/08 16h15

Aucun mots ne sort pour expliquer mes maux, aucun sentiment n'ose franchir le seuil de ma muraille. Invincible fut-elle. Invincible à toute forme de violence, de paroles ou même de gestes. Ceux qui m'ont détruites, qui m'ont marqué comme cette douleur au fond de moi qui me rappelle à chaque instant que j'ai cette chose là qui me ruine. Ruinée comme l'est ma grand-mère. Ou peut-être pas après tout. Qui peut le savoir. J'ai besoin d'extérioriser, de parler, de crier, de pleurer. Mais je n'y arrive plus. Je ne pense même plus, mon regard est simplement dans le vide. Lorsque je regarde des photos de moi il y a 12 ans, je me vois avec un sourire si beau, si naïf, et avec une envie de transmettre mon bonheur. Je me demande si on avait pu vivre toute notre vie avec cet état d'esprit là, si on se sentirait mieux. Mais je ne pense pas que j'aurais pu rester comme ça sans réagir.

Au fond, quand je regarde le fonctionnement de ma famille, je me dis qu'elle est quand même très conservatrice. Dans le sens où il ne faut rien dire, et toujours montrer que tout va bien. Il est vrai que nous nous donnons une image qui n'est pas la notre. Ou alors c'est moi qui a tout simplement une image idyllique d'elle et peut-être que je suis entrain de me rendre compte que cette image est ce que j'aurais aimé qu'elle soit. Ou bien ce qu'on a voulu me faire croire. Après tout je verrais bien plus tard. ( Ou pas )

Je me donne au grand maximum un mois pour reprendre toutes mes lettres déjà écrites pour ma grand-mère et en faire une seule. La vrai, la bonne. Qu'elle comprenne ou non, qu'elle le prenne à coeur ou non, j'espère que ça me soulagera. En espérant peut-être une réponse, quelle qu'elle soit. J'aimerais peut-être aussi me retrouver une dernière fois dans ses bras, l'entendre me dire que tout ira bien, qu'il faut pleurer, qu'elle est là, que je peux tout lui dire, et qu'elle m'aime. Qu'elle finisse par m'asseoir sur le rebord de son lit tout en me caressant les cheveux et me dire que si on me fait pleurer, cette personne n'en vaut pas la peine. J'aurais aimé l'avoir auprès de moi à chaque instants : lors de chaque chagrin, ceux à cause des cours, ou alors pour Jessy. Elle m'aurait faite rire, m'aurait changé les idées en m'emmenant cueillir des fruits et en faisant de la confiture que j'aurais dévoré à peine empotés et surtout j'aurais eu son épaule et ses mains qui auraient tenu les miennes. Que dire de plus, elle a marqué mon enfance. Il l'a marqué aussi, mais d'une autre manière. Il a réussit ( volontairement ou non ) à chambouler l'existence de 3 personnes. Je ne pense pas qu'il en soit fière, je ne comprendrai jamais ce qui a bien pu lui passer par la tête, c'est une maladie. Je n'aurais jamais les réponses à mes questions, je le sais je m'y suis faite. Mais de me dire qu'au début ma grand-mère n'était pas malade... J'appelle ça du consentement. C'est pourquoi je n'arrive pas à comprendre, et à me faire à l'idée, que ici non plus je n'aurai pas de réponse à mes questions.

Lola . 

Comments

[pepete3]

Je n'appellerais pas ça une famille conservatrice moi, je dirais plutôt une famille dévastatrice( désolée )
l y a tellement d'amour en toi vis à vis de ta grand mère...Pourqoui ne pas lui envoyer toutes tes lettres comme elles sont ?